ZOOM sur Kamal MEKOUAR, Entrepreneur et Expert en Design et innovation industrielle, Fondateur de Villa Design by Itqane : « La Coopération Sud-Sud, c’est la capacité à bâtir ensemble un développement authentique, inclusif et universel, fondé sur l’excellence, la transmission et la valorisation du patrimoine africain »
Kamal MEKOUAR, Entrepreneur et Expert en Design et innovation industrielle, Fondateur de Villa Design by Itqane : « La Coopération Sud-Sud, c’est la capacité à bâtir ensemble un développement authentique, inclusif et universel, fondé sur l’excellence, la transmission et la valorisation du patrimoine africain ». Un entretien réalisé par Nadege KOFFI
Kamal MEKOUAR, Entrepreneur et Expert en Design et innovation industrielle, Fondateur de Villa Design by Itqane : « La Coopération Sud-Sud, c’est la capacité à bâtir ensemble un développement authentique, inclusif et universel, fondé sur l’excellence, la transmission et la valorisation du patrimoine africain »
Maîtrise de 33 métiers artisanaux ; Centre d’innovation et de design (CIDI) ; Présence dans une dizaine de pays africains ; Projets en Guinée ; Export et rayonnement international du « Made in Morocco », Kamal MEKOUAR est un homme de conviction et bâtisseur d’opportunités. Il fait partie de ces voix qui croient profondément en la renaissance du continent africain par la Coopération et la valorisation des talents. Entrepreneur audacieux, il milite pour une Afrique unie autour du partage d’expériences, du transfert de compétences et de l’innovation locale.
Dans cet entretien exclusif accordé au média en ligne www.afriqueeconomie.net, Kamal MEKOUAR revient sur son parcours, sa vision d’un développement solidaire entre nations africaines et son engagement pour une croissance inclusive portée par la jeunesse.
A.E : Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel et les étapes clés qui vous ont conduit à vos fonctions actuelles ?
Un parcours guidé par la passion et l’exigence : entrepreneur et amoureux de notre continent africain, j’ai fondé « Villa Design Company », un parc intégré, regroupant 33 métiers couvrant le Design, l’Artisanat et les Technologies avancées. Après une première vie de Chirurgien-Dentiste, j’ai opéré une reconversion audacieuse, depuis les années 90, porté par l’envie de bâtir des ponts entre tradition et modernité, et de servir une ambition nouvelle : placer le savoir-faire africain au cœur du développement sud-sud. Sous mon impulsion, « « Villa Design Company » s’est voulue comme un acteur clé de la coopération Sud-Sud, valorisant la qualité, l’innovation et la culture, et recevant une reconnaissance internationale, notamment la médaille d’or pour le Pavillon Marocain au Salon Denkmal de Leipzig.
A.E : Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager dans la Coopération Sud-Sud ?
Ma motivation profonde est la conviction que l’Afrique possède en elle toutes les ressources nécessaires à son propre développement, humain, culturel, matériel. L’Afrique doit croire en la valeur universelle de son patrimoine. La Coopération Sud-Sud est un mouvement de réappropriation : il s’agit de croire en nos propres forces, de renforcer nos savoir-faire, et de bâtir une fierté collective autour de notre identité culturelle, tout en atteignant les standards internationaux.
A.E : Comment définissez-vous votre rôle dans le renforcement des relations économiques et culturelles entre les pays du Sud ?
Je me vois comme un passeur et un intégrateur : passeur pour faire rayonner notre patrimoine auprès d’autres pays du Sud, intégrateur pour réunir métiers, talents et ressources en une dynamique commune. À travers « Villa Design Company » et nos Projets, j’œuvre à démontrer que l’excellence « Made in Africa » en s’inspirant du « Made in Morocco » peut se hisser au sommet mondial. Ma philosophie : l’itqanisation, « l’art du travail bien fait, alliant rigueur, exigence et passion ».
A.E : Quels sont les principaux Projets ou initiatives soutenus dans le cadre de la Coopération Sud-Sud ?
Des Projets concrets incarnent cette vision : de grands chantiers hôteliers et résidentiels en Afrique de l’Ouest et Centrale, à la création de l’African Art Gallery, Plateforme de dialogue entre Artistes, Designers et Artisans du continent. Chaque objet et chaque œuvre exposés incarnent l’ambition de créer un langage esthétique universel africain, tout en bâtissant des passerelles économiques et culturelles sud-sud.
A.E : Selon vous, quels avantages concrets la Coopération Sud-Sud apporte-t-elle aux pays participants ?
La Coopération Sud-Sud, c’est la création de valeur par nos propres ressources, pour nos propres marchés. Elle favorise la structuration de filières durables, l’émergence d’un design africain contemporain, le renforcement des compétences locales et surtout, elle porte un mouvement de réappropriation et de transmission culturelle à grande échelle.
A.E : Quelles sont les difficultés ou obstacles que vous avez rencontrés dans la mise en œuvre de ces Projets ?
Les obstacles sont bien réels : disparités de normes, logistique complexe, accès difficile au financement. Mais ils deviennent de vrais moteurs : chez « Villa Design Company », l’innovation, la structuration et la collaboration permettent de transformer ces défis en leviers de progrès. La synergie entre nos 33 métiers intégrés prouve qu’un « Made in Africa » exigeant, raffiné et compétitif est possible et déjà en marche.
A.E : L’employabilité locale est un enjeu clé : Comment vos Projets contribuent-ils à créer des opportunités pour les jeunes et femmes dans les pays partenaires ?
L’employabilité locale est au centre de notre démarche. Chaque projet est un laboratoire vivant de formation et de transmission : nous intégrons systématiquement des jeunes artisans, designers et techniciens issus des pays partenaires, dès la conception jusqu’à la réalisation. Ceci favorise la création d’emplois pérennes, la montée en compétence locale, et la valorisation spécifique des jeunes et des femmes dans les métiers d’Artisanat, de Design numérique ou de Gestion de projet. La plus grande richesse de l’Afrique, ce sont ces jeunes talents : il faut leur donner les outils pour transformer leur passion en métier, et leur métier en fierté.
A.E : Existe-t-il des Programmes de formation ou d’accompagnement pour renforcer les compétences locales ?
Oui. Nous avons conçu plusieurs Programmes de formation à travers notre bureau d’études, notre Fab Lab et notre matériauthèque. Ces Plateformes permettent aux jeunes de se former aux nouvelles technologies, impression 3D, modélisation BIM (Building Information Modeling), prototypage numérique, tout en découvrant les métiers d’art traditionnels comme l’ébénisterie ou la sculpture. Nous œuvrons aussi à des échanges Sud-Sud avec d’autres institutions africaines pour favoriser la mobilité, la collaboration et l’apprentissage commun.
A.E : Quels secteurs ou métiers vous semblent les plus porteurs pour les jeunes dans le cadre de la Coopération Sud-Sud ?
L’avenir est là où le savoir-faire rencontre la Technologie : Design et fabrication numérique, métiers du mobilier, de la décoration, rénovation patrimoniale, matériaux durables, et industries créatives liées à l’art, au design et à l’hospitalité. Les métiers techniques et artisanaux représentent un gisement d’opportunités. Je conseille aux jeunes Africains de se tourner vers les métiers techniques : ce sont des métiers nobles, porteurs de sens et d’avenir.
A.E : Comment mesurez-vous l’impact réel de la Coopération Sud-Sud sur le développement économique et social des pays concernés ?
L’impact se mesure d’abord à la valeur créée localement : un jeune qui trouve un emploi, un artisan qui vit de son savoir-faire, un matériau africain exporté dans un projet international. Nous évaluons cette action par des indicateurs concrets : nombre de métiers valorisés, projets réalisés en Afrique, montée en compétence des équipes. La réussite ne se limite pas à l’esthétique, mais à la capacité de générer du développement humain durable.
A.E : Quels sont vos ambitions et projets futurs pour renforcer davantage ces partenariats ?
Notre ambition : créer un réseau africain de design intégré. Nous avançons vers la mise en place de « villages de l’Itqanisation » où Artisans, Designers, Ingénieurs et Jeunes créatifs collaboreront sur des projets mêlant tradition et innovation. Nous voulons renforcer les partenariats avec écoles et institutions africaines pour faire des métiers du Design, du Patrimoine et de l’Hospitalité de véritables moteurs économiques.
A.E : Selon vous, comment la Coopération Sud-Sud peut-elle s’adapter aux défis mondiaux actuels, tels que la transition énergétique, la digitalisation ou la mobilité ?
L’Afrique a un rôle clé : la transition énergétique se traduira par des constructions plus responsables, intégrant matériaux locaux à faible empreinte carbone ; la digitalisation doit servir la valorisation de nos savoir-faire via le BIM, la fabrication numérique et la formation à distance ; la mobilité qu’elle soit humaine, intellectuelle, économique, doit renforcer encore les échanges sud-sud pour bâtir un écosystème créatif productif. L’Afrique ne subit pas les transitions mondiales, elle les réinvente à travers son identité, sa créativité et sa foi dans la beauté.
A.E : Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes Africains qui aspirent à contribuer au développement de leurs pays, à travers la coopération internationale ?
Ayez foi en la richesse de votre héritage, osez l’innovation, formez-vous sans relâche et n’ayez pas peur d’oser. Le monde est prêt à accueillir une Afrique créative, confiante et raffinée. Formez, transmettez, inspirez une nouvelle génération africaine. Votre passion est votre force, votre identité est votre avenir.
A.E : Si vous deviez résumer votre vision de la Coopération Sud-Sud en une phrase, quelles serait-elle ?
La Coopération Sud-Sud, c’est la capacité à bâtir ensemble un développement authentique, inclusif et universel, fondé sur l’excellence, la transmission et la valorisation du patrimoine africain.
Interview réalisée par Nadège Koffi d’ afriqueeconomie.net, partenaire de civinewsguiee.info
