À Bangouya et ses environs, une localité rurale de Kindia, les habitants font face à des inondations dévastatrices causées par le débordement des eaux du barrage hydroélectrique de Souapiti. Privés de leurs terres agricoles et de leurs moyens de subsistance, ils appellent désespérément les autorités et les organisations humanitaires à intervenir pour leur venir en aide. Témoignages poignants d’habitants de Bangouya centre et du secteur Tombo, plongés dans une situation de détresse rapporte civinewsguinee.info à travers son correspondant régional à Kindia.
Le correspondant de civinewsguinee qui débarque sur les lieux est témoin d’un spectacle saisissant. Il croise sur le citoyen Aboubacar Camara, habitant de Bangouya centre, débordé par les effets de cette catastrophe qui l’impact.
Il explique les difficultés auxquelles il est confronté :« Nous avions été prévenus de la montée des eaux. Cependant, lorsqu’ils sont venus procéder aux recensements, ils ont planté des piquets pour marquer le code 210, affirmant que l’eau se limiterait à cet endroit. Ils ont catégoriquement refusé de recenser notre zone. Aujourd’hui, l’eau a débordé bien au-delà, causant des dégâts considérables. Nos sources d’approvisionnement en nourriture sont bloquées et il est devenu impossible de nous rendre sur place. Les eaux nous encerclent, nos routes sont impraticables, et nos terres agricoles sont englouties. Même les arbres en cours de recensement ont été abandonnés par la mission en place. Quant à ceux qui n’ont pas été recensés, ils sont aujourd’hui submergés, et aucune mission ne revient pour remédier à la situation. Nous vivons des moments difficiles jamais connus ici. à Bangouya centre. Nous comptons désormais sur les autorités pour nous venir en aide. Si aucune assistance ne nous parvient, la situation deviendra encore plus grave. Certes, le barrage hydroélectrique de Souapiti a apporté de l’électricité à beaucoup de Guinéens, mais ici pour nous, à Bangouya, c’est une véritable malédiction. Ce débordement a détruit ma plantation sur une dizaine de parcelles environnantes. Mon champ de riz et mon potager sont totalement inondés, et aucune aide ne nous ai parvenue jusqu’à présent. Pourtant, ils avaient affirmé qu’il n’y aurait pas de débordement. Nous avons pris soin de rester loin de la ligne rouge pour éviter l’inondation. Ce que nous demandons, c’est que les autorités de la SOGES, les organisations humanitaires et les personnes de bonne volonté nous viennent en aide », a clame Aboubacar Camara.
Non loin de là, notre reporter a croisé Dame Maciré Sylla. Femme rurale et ménagère, mère de famille … elle est porte-parole des femmes de Bangouya centre. Le regard livide, le cœur serré … Maciré Sylla est complètement désemparée. Elle interpelle les autorités du pays : « Nous sommes des exploitants agricoles, et nous travaillons principalement dans nos périmètres potagers. Les difficultés auxquelles nous faisons face sont immenses. L’eau a tout détruit là où se trouvent nos cultures potagères, qui nous permettaient de générer des revenus. Pourtant, les autorités avaient assuré que l’eau ne déborderait jamais, encore moins jusqu’à atteindre nos habitations. Actuellement, nos potagers, nos champs de riz, et d’autres cultures sont totalement engloutis. Lors du premier recensement, nous n’avons rien vu venir. Cette fois encore, l’eau a tout dévasté. Nous demandons au Président Mamadi Doumbouya de nous venir en aide. Que devons-nous faire ? Si l’on ne peut pas nous faire quitter cette zone, qu’on nous accorde au moins un ravitaillement mensuel. Là où nous sommes, nous avions des champs de manioc, de tomates, d’aubergines et de piments qui prospéraient bien. Par exemple, la récolte de tomates ne tenait même pas dans un seul camion. Aujourd’hui, tout est submergé. Ils nous avaient dit de ne pas partir, mais cette année, l’eau est entrée dans nos habitations. Nous sommes là, impuissants, à observer l’eau envahir tout. Nos réserves agricoles, entreposées dans la brousse, ont été emportées sans que nous ne recevions de remboursement. Ceux qui habitent à proximité sont également dévastés. Nous vivons dans la crainte d’être surpris par la montée des eaux en plein sommeil. Et en plus de tout cela, nous manquons de nourriture » a expliqué la porte-parole des femmes de Bangouya centre.
En parcourant Bangouya on est frappé par l’immensité du désastre causé par la montée des eaux du Barrage Souapiti et ses répercussions. Parmi les sinistrés, Mamadouba Soumah, cultivateur du secteur Tombo. Il relate ses propres difficultés : « Nous sommes plus de 500 personnes ici. Lorsqu’ils sont venus faire le recensement à Tombo, certains ont quitté les lieux. Pour ma part, ma maison a bien été recensée. Cependant, ils m’ont assuré que ma plantation ne serait pas touchée. Ils ont planté un piquet devant ce palmier et un autre beaucoup plus loin. Les Chinois sont venus deux fois, et nous avons discuté. Ils avaient même affirmé que ma maison ne serait pas atteinte par la montée des eaux. Nous avons passé toute une journée à insister pour que ma maison soit recensée, car celui qui faisait le recensement ne voulait pas l’inclure. Malheureusement, lors de la deuxième période des pluies, l’eau a tout submergé. Par la suite, ils sont revenus et ont promis de nous dédommager, aussi bien pour nos habitations que pour nos jardins. Pourtant, dans cette démarche, nous avons été dupés. Ceux qui disent la vérité ont été laissés pour compte. Mon jardin a été submergé du début à la fin, et mon grand champ de riz a été totalement détruit. J’avais cultivé plus de 50 mesures de riz. J’ai eu plusieurs altercations avec les Chinois à propos de mes terres, mais ils juraient que l’eau ne déborderait jamais. Aujourd’hui, si je ne reçois pas de compensation pour ma maison, qu’on me paye au moins pour mon jardin ou ma plantation. Je n’ai plus rien à manger pour survivre. J’ai une grande famille à nourrir et à soutenir. C’est en quelque sorte mon cri du cœur. Je demande que nous soyons relogés ailleurs, loin des eaux », a souligné Mamadouba Soumah.
Mme Sylla, résidente à Tombo, très inquiète des effets du désastre et des lendemains sombres associe sa voix au concert de plaintes et de complaintes en se tournant vers les autorités compétentes : « L’eau a aggravé nos problèmes. Nous avons des petits enfants et des travaux agricoles à gérer. Partout où nous allons, il n’y a que de l’eau. Tu ne peux faire un pas sans être accompagnée d’un chef de famille ou d’un enfant. Si tu laisses les enfants sans surveillance, tu risques des dégâts considérables. Quand l’eau monte, personne ne peut l’arrêter. Nous ne savons pas nager, et toutes nos cultures sont inondées. L’eau a recouvert nos champs de riz, notre principale source de nourriture. Nos champs d’arachides, de manioc et d’aubergines ont été complètement détruits. Nous vivons ici pour préserver notre dignité, car nous n’avons nulle part où aller. Nous sommes terrifiés, surtout avec des centaines d’enfants. Chaque nuit, nous dormons avec la peur d’être noyés à cause du débordement des eaux du barrage hydroélectrique. Dites aux autorités de nous éloigner de ces eaux. L’eau, remplie de débris et d’animaux, a envahi nos clôtures et nos maisons. Notre secteur fait partie du district de Bangouya centre, mais la montée des eaux nous a isolés. Pour rejoindre le chef-lieu de la sous-préfecture, nous devons parcourir 8 km, et pour traverser le lac, il faut prendre une pirogue sur des vagues agitées. Les pirogues ne sont même pas équipées de gilets de sauvetage. Auparavant, nous passions par Baraya, mais cette route est maintenant engloutie. Nous demandons aux autorités de nous éloigner de ces eaux. En pleine période des récoltes, nous avons tout perdu et nous n’avons plus rien à manger. Depuis que l’eau a débordé, aucune autorité n’est venue ici. Nous avons besoin de nourriture », a supplié Mabynti Sylla, désespérée.
A préciser que ce sont plusieurs localités de la CR de Bangouya, notamment Bangouya centre, Minyaya, Damouya, Woleya, Warkhalan, Missira, Kébé Friguia, Téné Kansa, Siminya (Kinfaya), Katia, Madina Fanta, Madinadian (Simbon), Kalouma, Madina Foula, Kéréba, ainsi que le secteur Tombo, sont fortement impactées par le débordement du poste 210 du barrage hydroélectrique de Souapiti. À Bangouya centre, d’autres localités telles que Moussayah, Lontonkhouré, Mégnékhouré, Konokhouré, Sinsedy, et Khalekhouré qui sont également affectées par la montée des eaux du Barrage Souapity
De retour de Bangouya Fidèle de Kania pour civinewsguinee.info