dimanche, octobre 19, 2025

Mines/Programme Simandou 2040 : Le pays en ordre de bataille pour la mise en place du Fonds Souverain de Guinée (FSG).  

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La Guinée aborde une phase déterminante de son évolution économique, portée par la perspective du projet Simandou 2040, qui s’impose comme l’un des leviers majeurs de transformation pour le pays. Ce vaste programme, centré sur l’exploitation de l’un des plus importants gisements de fer au monde, marque le début d’une mutation profonde du tissu économique guinéen et ouvre la voie à une croissance durable et inclusive. Dans ce contexte, la mise en place du Fonds Souverain de Guinée (FSG) se profile comme un instrument essentiel pour canaliser et pérenniser les revenus issus des ressources minières, tout en renforçant la souveraineté financière nationale.

Sous la haute autorité du Gouvernement, et en présence des hautes personnalités du CNRD, en présence des représentants des partenaires économiques et financiers, une cérémonie de lancement du Fonds Souverain de Guinée a été solennellement lancée, début mai à Conakry.

Le Fonds Souverain : Un outil structurant pour valoriser les richesses du sous-sol

Grâce à ses ressources minérales exceptionnelles, la Guinée se prépare à tirer parti de la mise en production du méga projet Simandou, dont les retombées économiques pourraient atteindre plusieurs milliards de dollars par an à l’horizon 2030. Pour garantir une gestion rigoureuse et transparente de ces flux financiers, le FSG jouera un rôle central : il permettra de stabiliser l’économie face à la volatilité des matières premières, d’investir dans des secteurs stratégiques et de financer des projets structurants dans l’agriculture, l’éducation, les infrastructures, la santé et l’industrie. Selon les autorités et les experts, ce fonds représente un levier incontournable pour assurer la prospérité à long terme de la Guinée, tout en préparant le pays à relever les défis de la diversification économique et du développement humain.

L’objectif du FSG est triple : stabiliser les finances publiques face aux aléas des marchés internationaux, épargner pour les générations futures, car les ressources minières sont épuisables et financer des investissements structurants dans les secteurs clés comme l’agriculture, l’énergie et les infrastructures.

Le Cadre Juridique et Institutionnel : fondations essentielles

Pour que le fonds souverain remplisse pleinement ses missions, il doit être doté d’un cadre juridique solide, adopté sous forme de loi organique par l’Assemblée Nationale. Ce cadre définira les règles de fonctionnement, de contrôle et de transparence du fonds, tout en assurant sa protection contre les interférences politiques.

Sur le plan institutionnel, deux structures principales devraient encadrer le fonds un Conseil de Surveillance, composé de représentants du gouvernement, de la société civile, du secteur privé et d’experts indépendants ainsi qu’une   Autorité de Gestion opérationnelle, pouvant s’inspirer du modèle norvégien ou s’appuyer sur un partenariat avec une institution financière internationale.

Financement du Fonds : des sources diversifiées et prévisibles

Le financement du FSG reposera principalement sur les royalties progressifs perçus sur les ventes de minerai de fer, les dividendes issus de la participation de l’État dans les consortiums miniers (15 % des parts) et potentiellement sur des instruments financiers innovants, comme les obligations indexées sur les prix du fer ou les partenariats public-privé (PPP). Ces sources permettront d’assurer un flux régulier de financement pour le fonds, tout en protégeant l’économie guinéenne des chocs externes.

Une stratégie d’investissement axée sur le développement durable

Le Fonds Souverain ne sera pas un simple réceptacle des recettes minières ; il sera aussi un acteur majeur de l’investissement national et international. Ses allocations pourraient inclure des projets d’infrastructures locales (routes, ports, chemins de fer), des initiatives dans les énergies renouvelables, notamment dans la région d’Afrique de l’Ouest ainsi que des investissements financiers diversifiés sur les marchés mondiaux, avec une attention particulière portée aux critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). Cette approche vise à transformer les richesses temporaires du sous-sol en actifs durables et productifs pour l’avenir du pays.

Transparence et contrôle : conditions indispensables de crédibilité

Face aux risques historiques de mauvaise gestion des ressources naturelles en Afrique, la transparence sera un pilier essentiel du FSG. L’institution devra publier des  rapports annuels accessibles au public, une plateforme digitale interactive permettant aux citoyens de suivre les flux financiers et des audits réguliers réalisés par des cabinets indépendants.

Ces mesures visent à instaurer une relation de confiance entre le fonds Souverain, les autorités et les citoyens guinéens.

Enjeux et défis : Une mise en place complexe et cruciale

Malgré des perspectives très encourageantes, le Fonds Souverain de Guinée (FSG) devra faire face à plusieurs défis majeurs pour assurer son efficacité et sa pérennité :

Instabilité politique : La durabilité du fonds dépendra largement de la stabilité des institutions guinéennes et de l’existence d’un large consensus national autour de sa gestion.

Volatilité économique : Les fluctuations des cours mondiaux du minerai de fer pourraient impacter significativement les recettes du fonds, rendant nécessaire une gestion prudente et flexible.

Problématiques de gouvernance : Sans des mécanismes stricts de contrôle et de transparence, le risque de mauvaise gestion, de corruption ou de détournement des ressources demeure élevé. Comme le rappelle une analyse de la Banque mondiale, le succès du développement économique repose sur une planification rigoureuse et une gouvernance exemplaire », soulignant ainsi que les ambitions doivent impérativement s’accompagner d’actions concrètes et de dispositifs solides.

Une opportunité historique pour la métamorphose économique de la Guinée

Le projet Simandou 2040 offre à la Guinée une occasion sans précédent de dépasser le fameux « paradoxe des ressources », où de nombreux pays riches en matières premières peinent à diversifier et renforcer leurs économies. Le Fonds Souverain apparaît comme un levier stratégique capable de transformer les richesses minières en croissance durable, en stabilité budgétaires et en développement équitable pour tous.

Si les conditions essentielles sont réunies – notamment la mise en place d’un cadre juridique robuste, une gouvernance indépendante et une transparence totale, le Fonds Souverain pourrait non seulement devenir un modèle régional, mais aussi une référence internationale en matière de gestion responsable des ressources naturelles.

Comme le souligne un expert économique, « la réussite de Simandou 2040 pourrait inaugurer une nouvelle ère pour la Guinée, caractérisée par une économie dynamique, des infrastructures modernes et un avenir prospère pour ses citoyens ».

Mohamed CAMARA, Economiste Consultant pour civinewsguinee.info.

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