C’est désormais officiel. Dans la soirée du lundi 19 août 2024, le président américain Joe Biden a passé le flambeau à Kamala Harris, sous les vivats et dans les larmes des délégués de la convention démocrate, avec un long discours aux accents testamentaires. Ce, alors qu’il y a un mois à peine, le président américain de 81 ans comptait venir à Chicago récolter l’investiture de son parti.
Lors de son discours, Joe Biden a promis d’être le « meilleur bénévole » dans la campagne de la vice-présidente de 59 ans, qui l’a rejoint sur scène pour une étreinte. Joe Biden a appelé à élire Kamala Harris, « une procureure », plutôt que le républicain Donald Trump, un « repris de justice ». « Nous aimons Joe! » et « Merci Joe! » ont scandé les délégués tout au long de son allocution, tandis que des larmes coulaient sur bien des visages.
« Cela a été l’honneur d’une vie d’être votre président. J’aime ce boulot mais j’aime encore davantage mon pays », a déclaré Joe Biden, en évoquant sa décision de se retirer de la course à la Maison Blanche. Pendant environ une heure, Joe Biden a tenu aussi à vanter toutes les réalisations de son mandat, auxquelles il a associé Kamala Harris.
Une bataille pour « l’âme » de l’Amérique
« Nous menons une bataille pour l’âme même de l’Amérique », a-t-il clamé, reprenant l’une des expressions emblématiques de sa présidence. « Nous sommes éternellement reconnaissants » envers un « incroyable » président, avait dit auparavant Kamala Harris, lors d’une brève apparition surprise, en solo, sur scène.
« Pendant cinquante ans, j’ai donné mon cœur et mon âme au pays », a aussi dit Joe Biden, qui faisait en quelque sorte ses adieux, après un demi-siècle de carrière politique. « Amérique, pour toi j’ai tout donné. J’ai fait beaucoup d’erreurs dans ma carrière. Mais je t’ai tout donné », a-t-il assuré, s’inspirant de la chanson « American Anthem », qu’il avait déjà citée lors de sa cérémonie d’investiture en janvier 2021.
Au grand complet, la famille du président américain est venue sur scène à la fin du discours.« Joe et moi sommes ensemble depuis près de 50 ans. Pourtant, il y a des moments où je retombe amoureuse de lui », a notamment déclaré la First Lady Jill Biden. « Papa, (…) nous ne te disons pas assez souvent que tu es l’amour de nos vies », a aussi dit leur fille Ashley, en parlant d’un « battant qui a été sous-estimé toute sa vie ».
Pas de regret
Lors de son allocution, le président américain en a aussi profité pour revenir sur sa décision de ne pas briguer de nouveau mandat à la Maison Blanche. « Toutes ces discussions sur le fait que je serais en colère contre les gens qui ont dit que je devais me retirer, ce n’est pas vrai », a ainsi assuré le président démocrate.
En attendant, pour tenter d’enrayer cet élan, Donald Trump se rendra cette semaine dans plusieurs Etats stratégiques. Dans l’un d’eux, la Pennsylvanie, l’ancien président républicain a attaqué ce lundi les projets « communistes » de Kamala Harris et avancé sans aucune preuve qu’elle aurait monté un « putsch » contre Joe Biden.
Hillary Clinton, candidate malheureuse face à lui en 2016, a rappelé à Chicago que rien n’était gagné. « Ne vous laissez pas distraire et ne vous reposez pas sur vos lauriers », a dit l’ancienne secrétaire d’Etat, qui était donnée favorite cette année-là. Ce mardi, l’ancien président Barack Obama et son épouse Michelle Obama seront les vedettes de la convention, dans leur fief de Chicago. La vice-présidente américaine ira, elle, faire campagne pour la journée dans le Wisconsin, un autre « swing state ».
Manifestations propalestiniennes
La grand-messe démocrate n’a jusqu’ici pas été réellement perturbée par les manifestations propalestiniennes, dont la première lundi, a rassemblé quelques milliers de personnes. Quelques heures avant que Joe Biden ne monte sur scène, un groupe de manifestants a en effet brièvement ouvert une brèche dans le périmètre de sécurité extérieur protégeant l’enceinte où se déroule l’événement, avant d’être refoulé par la police.
« Ces manifestants qui sont dans la rue ont des arguments à faire valoir. Beaucoup de personnes innocentes ont été tuées, des deux côtés », a déclaré à ce sujet le président américain à propos du conflit en cours depuis plus de dix mois, déclenché par l’attaque en octobre du Hamas sur le sol israélien.
Sur ce front, le président américain voudrait sceller un ultime succès diplomatique, en arrachant un accord de cessez-le-feu à Gaza. Son secrétaire d’Etat américain Antony Blinken poursuit d’ailleurs ce mardi à El Alamein, en Egypte, sa tournée destinée à convaincre les belligérants dans la bande de Gaza d’accepter un cessez-le-feu. Mais ce n’est pas encore gagné.
AFP